Brassens Not Dead – Les oiseaux de passages
Éditée en 1969 sur l’album Misogynie à part la chanson Les oiseaux de passage de Georges Brassens est à l’origine un poème de Jean Richepin tiré du recueil La chanson des gueux. Le poème est long, et Brassens a « coupé » dedans, et choisi seulement certaines strophes pour en faire sa chanson.
Le texte du poème peut être trouvé ICI
Reprise entre autres par Renaud, Maxime le Forestier et plus récemment dans une version très jazzy par Stephan Eicher et l’orchestre Taraf de Haïdouks c’est celle de Brassens Not Dead que je vous propose aujourd’hui.
Une très bonne reprise dans un style vif et rapide qui colle très bien au texte. C’est assez fou mais j’ai l’impression que dans chacun des styles les paroles prennent une autre signification. C’est fort !
Les Oiseaux de passages
Ô vie heureuse des bourgeois
Qu’avril bourgeonne
Ou que décembre gèle,
Ils sont fiers et contents
Ce pigeon est aimé,
Trois jours par sa pigeonne
Ça lui suffit il sait
Que l’amour n’a qu’un temps
Ce dindon a toujours
Béni sa destinée
Et quand vient le moment
De mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs
C’est là que je suis née
Je meurs près de ma mère
Et j’ai fais mon devoir
Elle a fait son devoir
C’est a dire que Onques
Elle n’eut de souhait
Impossible elle n’eut
Aucun rêve de lune
Aucun désir de jonque
L’emportant sans rameurs
Sur un fleuve inconnu
Et tous sont ainsi faits
Vivre la même vie
Toujours pour ces gens-là
Cela n’est point hideux
Ce canard n’a qu’un bec
Et n’eut jamais envie
Ou de n’en plus avoir
Ou bien d’en avoir deux
Ils n’ont aucun besoin
De baiser sur les lèvres
Et loin des songes vains
Loin des soucis cuisants
Possèdent pour tout cœur
Un viscère sans fièvre
Un coucou régulier
Et garanti dix ans
Ô les gens bien heureux
Tout à coup dans l’espace
Si haut qu’ils semblent aller
Lentement un grand vol
En forme de triangle
Arrivent planent, et passent
Qui sont-ils ? Où vont-ils? …
Comme ils sont loin du sol
Regardez les passer, eux
Ce sont les sauvages
Ils vont où leur désir
Le veut par-dessus monts
Et bois, et mers, et vents
Et loin des esclavages
L’air qu’ils boivent
Ferait éclater vos poumons
Regardez les avant
D’atteindre sa chimère
Plus d’un l’aile rompue
Et du sang plein les yeux
Mourra. Ces pauvres gens
Ont aussi femme et mère
Et savent les aimer
Aussi bien que vous, mieux
Pour choyer cette femme
Et nourrir cette mère
Ils pouvaient devenir
Volailles comme vous
Mais ils sont avant tout
Des fils de la chimère
Des assoiffés d’azur
Des poètes des fous
Regardez les vieux coqs
Jeune Oie édifiante
Rien de vous ne pourra
monter aussi haut qu’eux
Et le peu qui viendra
d’eux à vous
C’est leur fiente
Les bourgeois sont troublés
De voir passer les gueux
Regardez les vieux coqs
Jeune Oie édifiante
Rien de vous ne pourra
monter aussi haut qu’eux
Et le peu qui viendra
d’eux à vous
C’est leur fiente
Les bourgeois sont troublés
De voir passer les gueux